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François-Joseph et Sissi, le devoir et la rébellion – Jean des Cars

 

Sissi et François-Joseph. Deux personnalités diamétralement opposées. Comment ces deux personnages ont-ils fait pour s’accorder ? Ont-il jamais réussi ? Quel était leur fonctionnement ? Une immersion dans le quotidien de ce couple mythique et parfois fantasmé à travers la biographie de Jean des Cars, François-Joseph et Sissi : le devoir et la rébellion.

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Sissi : un oiseau en cage

Jean des Cars, en maître du récit, prend le temps de planter le décor et les protagonistes : les premières rencontres de François-Joseph et Sissi ainsi que leur mariage occupent une bonne partie de l’ouvrage. C’est le temps des rêves et des élans amoureux spontanés. Le temps de toutes les espérances…

L’arrivée à Vienne est une désillusion totale, et brutale, pour Sissi. Malgré ses efforts pour se montrer à la hauteur, elle se rend bien compte qu’elle déçoit. Sa belle-mère, les courtisans… L’Étiquette et l’absence de spontanéité à la Cour de Vienne sont des contraintes intolérables pour cette toute jeune fille éprise de liberté. Se sentant comme un oiseau en cage, elle essaie tant bien que mal de se raccrocher à ce mari qui l’a choisie, à la fois époux aimant et homme scrupuleux accaparé par ses devoirs d’État.

Jean des Cars s’attarde donc sur cette acclimatation particulièrement difficile du côté de Sissi, mise au point qui aide à comprendre ses réactions futures, sa fuite perpétuelle. Jamais acceptée telle qu’elle est par les Viennois, devenant en retour littéralement allergique à sa propre capitale, elle s’enferme dans une spirale infernale.

François Joseph et Sissi, de Jean des Cars
François Joseph et Sissi, de Jean des Cars

Sissi et François-Joseph, loin des yeux près du cœur

Au fil des années cependant, Sissi parvient à relativiser. Elle mûrit et fait des efforts. Elle ne s’effarouche plus des responsabilités qui pèsent sur son époux, et sur elle-même. L’Impératrice a même ce qu’on appelle de l’intuition, en politique comme dans les affaires privées, ce dont manque François-Joseph.

L’auteur présente les incompatibilités innombrables entre François-Joseph et Sissi. Ils sont comme le jour et la nuit. Incompatibilité de caractère autant que de style de vie : Elisabeth est une mouette voyageuse qui ne supporte pas d’être enfermée à Vienne, solitaire et neurasthénique, qui aurait bien aimé naître simple particulière. François-Joseph un homme de devoir, d’habitude et de convention souvent retenu dans sa capitale, très à cheval sur le respect des traditions. Mais ils ont aussi leurs points communs, qui les rapprochent : l’habitude de se lever tôt, l’amour de la marche à pied et de l’équitation (même si l’Impératrice pratique les deux avec excès), le sens de l’honneur et de la famille.

Paradoxalement, ils ne sont jamais aussi proches que quand ils sont éloignés physiquement l’un de l’autre. Ils se manquent alors énormément et entretiennent une riche correspondance.

Chaque recours aux lettres du couple est un délice. L’Empereur abreuve son épouse de mots tendres, au travers desquels perce le fond de son caractère, celui d’un bon vivant. Certaines saillies grivoises sont peu dignes d’un Empereur : elles prouvent son degré d’intimité avec sa femme.

L’auteur relate des anecdotes touchantes sur une Sissi capable de jalousie, notamment envers l’Impératrice des Français Eugénie. Elle a François-Joseph pour elle toute seule lors de l’inauguration du canal de Suez, Sissi ayant refusé d’entreprendre le voyage :

Te voilà encore réuni avec ta chère Impératrice Eugénie. Je suis très jalouse parce que tu es en train de faire le joli cœur avec elle tandis que je suis seule ici et ne peux même pas me venger !

Cette pique touchante illustre bien les liens très forts qui unissent ces deux êtres !

Nous suivons au gré des chapitres les évolutions de ce couple si mal assorti, qui pourtant s’apprivoise… Chacun est le pilier de l’autre. Ils s’aident mutuellement à surmonter les épreuves dramatiques qui jalonnent leur vie, le point d’orgue étant atteint avec le suicide/assassinat de leur fils en 1889. Il faut cependant convenir que dans leur couple, celui qui est le plus amoureux est François-Joseph. Fatalement, il est aussi celui qui souffre le plus.

François-Joseph, Sissi et leurs deux aînés d'après une photographie de 1862.
François-Joseph, Sissi et leurs deux aînés d’après une photographie de 1862.

💫 À lire aussi : La tentative d’assassinat sur l’empereur François-Joseph

François-Joseph, un Empereur solitaire

Le point de vue de François-Joseph, sur lequel s’attardent rarement les biographes, est appréciable. Ce pauvre homme est amoureux fou d’une épouse qu’il a du mal à comprendre et qui l’abandonne à une difficile solitude la plupart du temps. Le lecteur ne peut qu’être ému devant son extraordinaire capacité à surmonter l’avalanche de drames qui l’accablent jusqu’à la fin de ses jours.

Sissi aime son mari, mais à sa façon. Elle a conscience de le faire souffrir par ses longues absences répétées. C’est cette lucidité sur elle-même, sur ce qu’elle peut et ne peut pas offrir à son mari, qui la rend si peu conventionnelle, et si conciliante. Le ménage à trois que forme Sissi, François-Joseph et l’actrice Katharina Schratt échappe à toute analyse logique et rationnelle. C’est du jamais vu dans l’histoire des têtes couronnées !

Dans François-Joseph et Sissi, le devoir et le rébellion, Jean des Cars s’attarde beaucoup sur ce triangle amoureux dont le socle fondateur est la confiance : la confiance de Sissi, qui accepte et encourage même les relations entre Katharina et son mari, sachant ce dernier entre de bonnes mains lorsqu’elle est loin, et surtout celle de François-Joseph, qui tient à une grande discrétion. Le lecteur découvre d’ailleurs avec stupeur que Katharina Schratt n’est pas la première maîtresse de l’Empereur !

En somme, l’ouvrage répond à toutes nos interrogations sur le fonctionnement de ce couple légendaire pourtant si humain. Entre élans d’amour, brouilles, souffrances et compromis, ils savent qu’ils peuvent compter l’un sur l’autre. Jean des Cars ne néglige pas pour autant certains personnages secondaires, et donne un avant-goût de leur vie respective qui attise la curiosité : l’excentrique Reine Elisabeth de Roumanie, les frères et sœurs de Sissi mais aussi de François-Joseph.

Le format même de l’ouvrage est particulièrement agréable à feuilleter, avec les magnifiques illustrations qui émaillent les différents chapitres !

Elisabeth et François-Joseph à la fin de leur vie (photographies)
Elisabeth et François-Joseph à la fin de leur vie (photographies)

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Points positifs

 Une biographie croisée qui montre bien à quel point le mariage de François-Joseph et Sissi était l’association des contraires, pour le meilleur comme pour le pire.

 Le point de vue de François-Joseph, rarement conté, est le bienvenu.

 Le format de l’ouvrage, avec ses nombreuses illustrations très bien choisies.

 Un aperçu du destin rocambolesque et tragique et certains personnages secondaires excentriques, comme les sœurs de Sissi et les frères de François-Joseph.

Points négatifs

J’aurais aimé davantage de détails sur les dernières années de François-Joseph : comment a-t-il réussi à tenir sans son épouse adorée ?

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Cet article a 6 commentaires

  1. Athenais

    ça donne bien envie de le lire pour en apprendre plus sur la vie de ce couple

  2. Myriam

    Laissez nous rêver d’une Sissi heureuse et d’un Franz très amoureux ! Svp on l’aime notre Sissi et on adore quand il lui offre des roses destinées normalement à Hélène ! Je ne lirai plus rien sur la vraie vie de Sissi car j’aime ce film et je l’ai regardé plusieurs plusieurs fois

  3. Élisabeth d’Autriche ne fut guère heureuse. Comme si bien écrit, son besoin d’indépendance, de liberté, la fit souvent fuir ce qu’elle considérait comme un carcan, le protocole de la cour impériale. Lorsqu’à la fin de sa vie, interrogée par un journaliste sur son mariage si jeune, qui voulait savoir si c’était là une union voulue et consentie de sa part à elle, elle répondit, baissant le regard :
    « … J’étais très jeune. Je n’avais que quinze ans. J’avais toute la pression familiale qui me pesait. J’allais quitter tout ce que j’aimais pour un palais lourd de convenances.
    Et puis… Comment voulez-vous dire « non » à un Empereur d’Autriche ?…  »
    Sources : Bibliothèque Nationale de France, département historique, Tour 1, Elisabeth d’Autriche : « Mémoires ».
    Sa vie s’acheva sur un assassinat par un anarchiste qui, la croisant lors d’un de ses voyages, fit semblant de la bousculer, tout en lui portant un coup violent en pleine poitrine. Elle s’effondra 100 mètres plus loin. On découvrit en elle une mince et longue aiguille qui l’acheva. Loin des romans à l’eau de rose, certes, mais historiquement exact. On ne met pas, si beau fut-il, un oiseau épris de liberté en cage, même dorée…

  4. Ursula

    Sissi, un personnage pour qui j’ai le plus grand mal à avoir de la sympathie en dehors du personnage des films autrichiens. Elle est très peu attachante en réalité, très égocentrique et perpétuellement insatisfaite. Bien sûr elle a des circonstances atténuantes, mais qui ne suffisent pas à avoir de la compassion pour elle, elle était surtout douée pour se plaindre et accuser les autres, notamment sa belle-mère (qui n’à pas eu le meilleur comportement qui soit, mais n’était pas non plus la méchante belle-mère que le mythe nous a fait croire). On l’excuse souvent, elle a perdu sa fille aînée à l’âge de trois ans et a été effondrée (quand on voit son comportement envers ses deux enfants restant, on peut se demander si il y avait pas de l’exagération), elle n’était pas faite pour être impératrice, elle a été jetée là dedans, sa belle-mère était pénible etc.…malgré çà, je n’arrive pas à avoir de la sympathie pour elle, je dis pas qu’elle n’à pas souffert mais je n’ai pas l’impression que çà soit pire qu’une autre personne. Elle parait surtout être fort capricieuse et ne pas aimer grand-monde.

    1. Plume d'histoire

      Il est vrai que Sissi était très égocentrique. Elle aimait plus ses chevaux que ses propres enfants ! Un peu comme la reine Victoria. Malgré tout sa personnalité reste difficile à cerner.

  5. Philippe CHÂTENET

    Bonsoir. Un livre rédigé par Jean des Cars est – à coups sûrs – un gage de qualité. Pour autant, je ne suis pas certain de me procurer cet ouvrage. Les personnages que sont l’Empereur d’Autriche et son épouse n’attisent pas suffisamment ma curiosité historique. A contrario, le destin de la reine Victoria la titille assurément beaucoup plus (surtout après avoir visionné la magnifique série éponyme en dvd). Cdlt. Philippe.

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