Une trempe d’acier chez les Richthofen
La famille von Richthofen joue très tôt un rôle important en politique et en diplomatie, ce qui lui vaut son anoblissement par le roi de Prusse Frédéric II en 1741. Le père de Manfred, le major Albrecht, baron von Richthofen, est le premier représentant de la famille à embrasser une carrière militaire. La carrière de cet officier de cavalerie se brise de façon brutale à la suite d’un terrible accident. Sauvant la vie d’un camarade tombé dans l’eau glacée du fleuve Oder, qui serpente dans toute la Silésie, il fait preuve d’un grand courage mais perd l’audition d’une oreille. Ce handicap lui ferme pour toujours les portes de l’armée. Frustré dans ses ambitions, Albrecht reporte ses désirs inassouvis sur ses trois fils, surtout l’aîné, Manfred.
Né en 1892 à Breslau, en Silésie (une région qui appartient aujourd’hui à la Pologne), Manfred est le premier fils d’Albrecht von Richthofen et de son épouse Kunigunde von Schickfus, descendante des illustres Falkenhausen. Manfred a une soeur aînée, Élisabeth née en 1890, et deux frères cadets, Lothar né en 1894 et Bolko qui voit le jour en 1903.
Manfred a 9 ans quand la famille s’installe à proximité de Schweidnitz, seconde ville de Silésie. Ce village à l’allure médiévale, qui s’épanouit entre lacs et forêts, devient le cadre de vie idéal pour un pater familias désireux d’offrir à sa descendance l’immensité de la nature comme terrain de jeux. Le petit Manfred, aîné des trois frères, est l’objet de toutes les attentions. Sa mère le cajole et le pouponne plus que de raison :
Kunigunde veillait à ses vêtements. Elle l’habillait de costumes blancs, peignait avec soin ses bouclettes blondes, le choyait comme s’il eût été une fille. Jamais elle ne songea pour lui à une carrière de soldat.
Stéphane Koechlin
Pourtant, Manfred n’a rien d’une poupée docile. De nature indépendante, petit aventurier en herbe, il se transforme rapidement en véritable casse-cou. Il aime le cheval, la chasse et les longues expéditions à travers la forêt, escaladant rochers et falaises avec émerveillement.
Albrecht, qui n’a jamais digéré sa mise à la retraite prématurée, nourrit de grands desseins pour ses fils. À l’âge de dix ans, Manfred doit dire adieu à la liberté et rejoindre l’école des Cadets de Wahlstadt, en Silésie, étape que son père juge nécessaire pour apprendre le commandement des hommes. Esprit rebelle, le jeune Manfred donne rapidement du fil à retordre à ses éducateurs.
Ses professeurs ne le notent pas comme un cancre, mais comme un mauvais sujet à l’esprit frondeur dans un corps à la trempe d’acier.
Le Grand Cirque du Baron Rouge
Néanmoins excellent gymnaste et athlète de haut niveau, il fait preuve d’endurance et démontre des aptitudes physiques bien au-dessus de la moyenne. À cheval, il veut toujours monter les alezans les moins dociles, les plus fougueux, multipliant les chutes « devant les ducs, comtes, généraux, vitrine de toute ce que la Silésie compte de glorieux personnages. » Ce courage et cette détermination (teintés de témérité) lui valent l’estime de ses supérieurs. Une force que Manfred cultive et entretient chez les Cadets pendant six longues années avant de passer deux ans à l’Académie militaire prussienne de Lichterfelde près de Berlin. Il en sort avec son brevet d’officier de cavalerie en 1911.
« Je ne me suis pas impliqué dans la guerre pour collecter du fromage et des oeufs »
À la fin de l’année 1912, Manfred intègre la cavalerie prussienne dans le 1er régiment de uhlans Alexandre III, baptisé ainsi en l’honneur du tsar. Ce régiment se trouve basé en Allemagne orientale au moment de la déclaration de guerre en 1914. Manfred est détaché auprès de l’infanterie, pénétrant sur le territoire russe. Mais son régiment est rapidement appelé en renfort sur le front français : nous sommes alors encore dans une guerre de mouvement et les deux camps font quotidiennement des raids de reconnaissance.
Mais la stratégie change très vite. Dans le contexte des guerres de tranchées, la cavalerie n’a presque plus aucune utilité. Elle est sans cesse dans l’attente, une attente interminable entrecoupée de missions insignifiantes. Pour tuer l’ennui, Manfred joue aux cartes, passe du bon temps avec ses camarades. L’horreur des combats commence réellement à Verdun, dans un tourbillon de bombes et de terreur. (Un couple de photographes immortalise alors à Vignacourt les visages des soldats)
C’est le début de l’aviation de combat. Manfred rêve de rejoindre les jeunes forces aériennes. En 1915, il écrit au commandant de sa division : « Excellence, je ne me suis pas impliqué dans la guerre pour collecter du fromage et des oeufs ». Il demande à devenir aviateur. Ses supérieurs tergiversent mais la demande se fait plus pressante, d’un côté comme de l’autre. Manfred von Richthofen est muté à la fin du mois de mai 1915 dans la luftstreifrafte, à la Section n°7 de Cologne. Ce tout jeune homme de 23 ans écrit que « son plus grand désir était réalisé. »
Dans un premier temps, il sert comme observateur dans le ciel de Belgique et de Russie aux côtés de pilotes plus expérimentés. Pendant quatre semaines, il suit des cours intensifs pour étudier la navigation et les cartes. Formation qu’il prend très au sérieux, sillonnant le ciel en opérations de reconnaissance sur le front russe puis en Champagne.
Mais Manfred trépigne d’impatience. Lorsqu’il rencontre l’as des as de l’époque, Oswald Boelcke, dans la voiture-restaurant d’un train, il est subjugué par ce jeune et brillant officier d’aviation. Ce dernier maîtrise à la perfection une nouvelle technique de combat qui sera appliquée dans l’aviation allemande jusqu’à la fin de la guerre : « C’est très simple, je serre mon adversaire d’aussi près que possible, je vise, je tire… et il tombe. »
Le jeune homme rentre transfiguré par cet échange. Ça y est, Manfred se sent prêt. Il n’en peut plus de rester assis dans le baquet arrière comme observateur. Il implore Georg Zeumer de le laisser piloter ! Sous le commandement de Zeumer, il est donc affecté à Bruxelles. Paradoxalement, le jeune Richthofen est loin d’épater son supérieur. Il faut 25 sorties réalisées en une semaine et plus d’une trentaine d’heures de vol pour que Zeumer consente à le laisser voler de ses propres ailes. Des débuts qui sont loin d’être glorieux puisque le premier combat aérien de Manfred, qui se déroule le 1er septembre 1915, est un échec cuisant. Mais ses progrès sont foudroyants.
Un pilote ingénieux
Très vite, Manfred prend en main l’appareil. Il ne tarde pas à maîtriser son avion à la perfection. En 1916, il pilote un Albatros à la 2e escadrille de combat au-dessus du front de Verdun. Il a même l’ingénieuse idée d’équiper son appareil d’une mitrailleuse installée sur l’aile supérieure, ce qui lui permet de tirer en avant et en haut : il descend ainsi son premier avion, un Nieuport, avion de chasse français.
À cette époque, la supériorité de l’aviation française et anglaise, avec leurs avions maniables aux tirs plus précis, est incontestable. Les Allemands décident d’agir. Oswald Boelcke est chargé de constituer une escadrille d’élite : la Jagdstaffel II. Huit à douze pilotes sont sélectionnés, parmi lesquels figure Manfred von Richthofen : pour lui, c’est la consécration ! En septembre 1916, les pilotes passent à l’action en se mesurant à une escadrille anglaise. Manfred descend un bombardier et commence alors une tradition qu’il poursuivra jusqu’à sa soixantième victoire : il commande à un joaillier une grande coupe d’argent sur laquelle il fait graver la date et le type d’avion abattu. Malgré ces fanfaronnades, les Anglais soulignent qu’il est un « adversaire loyal et correct ».
Dès lors, les victoires s’enchaînent pour Manfred. Il en est à son sixième avion abattu lorsque, le 28 octobre 1916, la mort accidentelle de Boelcke (avec 40 victoires à son actif) le met sous le feu des projecteurs. Sa popularité grandit. La propagande allemande a bien compris l’intérêt qu’il y avait à mettre en avant les grands noms de son aviation pour concurrencer les Alliés et redonner espoir à la population.
Les aviateurs deviennent d’ailleurs à ce moment-là de véritables stars : ils font des tournées, signent des autographes, posent pour des photos, rencontrent un public qui les applaudit à tout rompre.
Manfred, pourtant, n’est pas un pilote d’exception. Il connaît, comme beaucoup, des ratés à bord d’engins à la technologie encore balbutiante. Sa tactique n’est guère originale : il ne prend pas de risque inconsidérés, comme d’autres chevaliers du ciel qui font des acrobaties pour épater la galerie. En revanche, il a un talent incontestable pour le tir et une capacité supérieure à contrôler son escadrille.
Le Diable Rouge, l’as de la guerre
En janvier 1917, Manfred fait repeindre certaines parties de son Albatros en rouge vif. Le fait-il alors par provocation, car cette couleur le rend plus visible ? Est-ce une stratégie réfléchie ? Songe-t-il qu’il doit contribuer à écrire sa propre légende s’il veut marquer l’Histoire ? Sans doute un peu de tout cela.
Toujours est-il que cette légende est en marche. Le 16 juin 1917, à l’occasion de sa seizième victoire, il reçoit La Croix pour le Mérite, plus haute décoration militaire allemande. On le confirme alors dans son premier véritable commandement : l’escadrille de la Jasta II. Il peut choisir ses douze pilotes et intègre entre autres son frère Lothar, qui s’avère tout aussi doué que son aîné. Les avions Albatros qui grimpent facilement à 500 mètres de hauteur donnent à son escadrille une supériorité de manoeuvre. La Jasta II devient la terreur des Alliés à partir du mois d’avril 1917.
En ce printemps de 1917, le ciel de l’Europe occidentale appartenait à l’Allemagne. Et l’Allemand qui y projetait l’ombre la plus impressionnante était sans conteste Manfred von Richthofen.
Knights of the Air
Au cours de ce seul mois d’avril, Manfred von Richthofen descend à lui tout seul 21 avions britanniques, dont 4 en une seule journée, et son escadrille remporte l’un des palmarès les plus impressionnants depuis le début de la guerre. Une époque qui restera gravée dans la mémoire anglaise comme le « Bloody april » autrement dit l’avril sanglant…
Manfred a bien rodé sa technique, volant toujours en tête d’une formation en V. Les appareils se couvrent les uns les autres jusqu’au moment où ils grimpent d’un seul coup comme des aigles, fondant sur les adversaires pris par surprise. À la fin du mois de juin 1917, ce sont 56 avions détruits par le nouveau héros allemand !
Celui qui est devenu l’as parmi les as est surnommé par les Français le Petit Rouge ou le Diable Rouge, puis le Baron Rouge. D’ailleurs, les hommes de Manfred finissent par le convaincre qu’il est devenu une cible à abattre : il facilite la tâche de ses ennemis avec son avion d’une couleur aussi vive… Qu’à cela ne tienne, Manfred fait repeindre l’intégralité des Albatros de son escadrille en rouge éclatant ! On ne tarde pas à surnommer cette nouvelle escadrille « Le Cirque Volant » de Richthofen. Elle ne cesse de se déplacer sur tout le front occidental.
Les accidents n’arrêtent pas Manfred. Le 16 juillet 1917, il est gravement blessé à la tête : son cuir chevelu est fendu sur une longueur de 7 cm, à la limite du cerveau. Un séjour de trois semaines à l’hôpital militaire de Courtrai l’oblige à faire une courte parenthèse dans sa carrière d’aviateur puis il reprend la guerre avec le même dynamisme. Pourtant, des pensées noires l’obsèdent. Il est persuadé que les Allemands vont perdre la guerre.
Désormais, Manfred vole à bord d’un Fokker triplan, de construction allemande, dont la technologie surpasse les avions français et anglais. Sa maniabilité extraordinaire lui permet de fondre sur ses ennemis à une vitesse vertigineuse. Il enchaîne les victoires à une cadence infernale. Manfred a un véritable talent pour repérer le maillon faible d’une escadrille ennemie et fondre en piqué sur lui avec le soleil dans le dos. À chaque fois qu’il envoie un adversaire au tapis, il se pose au sol et vient saluer les vaincus, puis découpe un morceau de toile de l’avion abattu pour l’envoyer à sa famille en guise de trophée.
Même s’il ne prend jamais le risque de se confronter à l’escadrille des Cigognes de son grand rival français Georges Guynemer (les deux as s’esquivent, incertains de leur victoire respective !), Manfred von Richthofen est déjà une légende vivante. La propagande allemande se charge d’en rajouter une couche. Le Frankfurter Zeitung du 3 mai 1917 en fait un quasi Dieu, capable de « sentir » les Anglais :
Tous les hommes de Richthofen sont fortement persuadés que leur capitaine peut « sentir » les Anglais. Quand tout est tranquille, que pendant des heures on n’annonce rien du front et que le temps ne veut pas s’éclaircir, Richthofen tout d’un coup se lève brusquement et crie : « À présent, en avant ! » L’escadrille part et ne vole presque jamais jusqu’au front sans surprendre l’ennemi juste au-dessus des lignes.
Extrait du Frankfurter Zeitung dans La Vie au grand air du 1 juin 1918
De quoi agacer les journaux français qui critiquent Richthofen jusqu’à contester ses victoires : on décrit ainsi « l’as aux 80 succès fantômes » comme « bouffi d’orgueil et de fatuité » !
Le dernier vol du baron rouge
Le 21 avril 1918, le Baron Rouge décolle près de Bray-sur-Somme et son escadrille rencontre une escadrille de la Royal Air Force. Aussitôt, Manfred prend l’avion du lieutenant canadien Wilfrid May en chasse. Survolant les lignes australiennes à Vaux-sur-Somme, il est pris pour cible par les mitrailleuses et le capitaine Arthur Brown se lance à sa poursuite. Endommagé, le Fokker se pose tant bien que mal en bordure de la route qui mène de la fabuleuse cité médiévale de Corbie (dont je vous conseille la visite) à la ville de Bray. Le site, envahi par les champs, est encore bien visible aujourd’hui. Au moment où les Australiens parviennent à sa hauteur, on se rend compte que le grand Baron Rouge, ce jeune héros de 25 ans, est mort, atteint d’une balle en plein coeur. Le journal Le Jour raconte dans son édition du 19 août 1938 :
Richthofen, à la mémoire de qui on boit encore, que l’on considère comme parvenu dans le Walhalla, ne fut pas abattu par un grand champion, et ce fut le cas de la plupart des virtuoses. Il dut être victime d’un coup heureux d’un audacieux qui n’avait pas eu peur de lui. Toujours est-il qu’il reçut une balle dans le coeur, et mourut aux commandes. L’appareil continua tout seul […] et vint se poser tout doucement dans un champ de la Somme, en avril 1918…
Le Jour
Tout ceci est joliment écrit mais pas tout à fait exact. Jusqu’au début des années 2000, les experts ne parvenaient pas à se mettre d’accord sur ce qui était vraiment arrivé à l’as allemand. Depuis, les analyses balistiques ont prouvé que la balle fatale avait été tirée depuis le sol. Alors que Richthofen avait donc miraculeusement réussi à poser son avion en piteux état sans se crasher, il fut abattu et son avion dépecé par les chasseurs de souvenirs.
Les restes de Manfred von Richthofen sont transportés à l’aérodrome du 3ème escadron du Flying Corps australien de Bertangles, près d’Amiens. C’est au cimetière de Bertangles qu’il est enterré avec les honneurs militaires. Ce sont les plus beaux hommages rendus à un ennemi par les Alliés pendant la Première Guerre mondiale. Sur la couronne de fleurs envoyée par le Q.G britannique, on peut lire « Au Capitaine von Richthofen, notre valeureux et estimable ennemi ». En 1919, son corps est transféré à Berlin puis en 1975 il est enterré à Wiesbaden dans le caveau familial.
Manfred von Richthofen fait encore aujourd’hui l’objet d’un véritable culte, non seulement des Allemands, mais de tous les passionnés d’histoire militaire de l’aviation. Le successeur de cette légende européenne à la Jasta II sera Goering, futur SS et promoteur de la Solution Finale… Merci au département de la Somme, à toute l’équipe de Somme Tourisme, de m’avoir permis de découvrir le destin hors du commun de cet homme épatant : l’histoire de la Somme est vraiment d’une richesse fabuleuse !
Vous aimez la façon dont je vous fait entrer dans les coulisses de l’Histoire ? Il existe un Cabinet Secret de Plume d’histoire qui va encore plus loin dans l’immersion par l’anecdote… 🙃
Sources principales
♦ La presse de l’époque
♦ Le « grand cirque » du Baron Rouge de René Peyrolle (Historia n° 524)
♦ La légende du Baron Rouge – Stéphane Koechlin – 2009
♦ Knights of the Air – Ezra Bowen – 1980
♦ Visite sur les grands sites du Première Guerre mondiale avec le département de la Somme
Tuer ses ennemis tout en étant chevaleresque, un paradoxe qui rappelle le « Messieurs les Anglais, tirez les premiers! » à la bataille de Fontenoy.
La vie héroïque de Manfred von Richthofen, fort bien racontée ici fait un fois encore se poser la question: pourquoi s’entretuer alors qu’on est prêts à se serrer la main?
L’éternelle question que l’on se pose aujourd’hui ! Des considérations qui ont pris leur essor justement pendant ces 2 guerres !
Quelques erreurs dans cet article intéressant.
Goering n’a jamais été à la SS mais plutôt à la SA qu’il commandait dans les années 20 (1923)
Quant à Schweidnitz cela parait étonnant de la qualifier de seconde ville de Silésie après Breslau. Katowice étant surement plus peuplée.
Le principal biographe de Manfred qualifie cette ville de seconde après Breslau !
Le système d’homologation de victoire français était le plus strict de tous les belligérants, il nécessitait soit que l’appareil abattu tombe du côté allié de la ligne de front soit qu’il tombe dans les lignes ennemies mais fût confirmé par au minimum deux témoins au sol. Ceci explique la différence importante entre les victoires homologuées et les victoires probables. La totalisation des victoires homologuées et non homologuées (supérieures à 100) donne un net avantage au capitaine français Fonck sur le baron rouge (environ 80) : il est donc excessif de qualifier ce dernier d’as des as de la première guerre mondiale.
Il est en tout cas celui qui marqua le plus les Français parmi les aviateurs allemands et celui qui fait aujourd’hui figure de héros national
La classe aristocratique au service du métier des armes ! Billet très plaisant à parcourir, très belle rédaction. Merci pour cette « mini » bio particulièrement agréable à lire.