La conception de la Galerie des Glaces du château de Versailles est le fruit d’une étroite collaboration entre deux des plus brillants artistes du règne de Louis XIV : l’architecte Jules Hardouin-Mansart et le peintre Charles Lebrun. C’est aussi la naissance d’une forme de suprématie artistique à la française.
La Galerie des glaces : une prouesse technique et architecturale
A l’origine, une terrasse édifiée par Le Vau surplombait le parterre d’eau et séparait les appartements du Roi de ceux de la Reine. Louis XIV veut en faire une galerie somptueuse, qui puisse servir aux cérémonies et réceptions officielles de la Cour, une construction rappelant la puissance de la France et de son Roi, alors grand vainqueur de l’Europe. La Galerie de glaces servira surtout de lieu de passage fréquenté par les courtisans, un lieu de rencontre, d’attente, et de mise en scène du pouvoir.
Terminée en 1684, la Galerie des Glaces (alors nommée Grande Galerie) est une véritable prouesse à l’époque de Louis XIV.
Prouesse architecturale : 17 pans de miroirs font face aux fenêtres et reflètent les jardins de Le Nôtre, donnant l’illusion d’un espace gigantesque et encore inédit dans les palais royaux et princiers de ce XVIIème siècle.
Prouesse technique ensuite : jamais encore des glaces de cette taille n’avaient été soufflées. Une réalisation purement française : il fallu, à force de persévérance, surpasser Venise, qui gardait alors jalousement le secret de fabrication…
La fabrication des miroirs : un secret bien gardé
C’est à la fin du XVe siècle qu’apparaît en Italie, dans l’île de Murano, la technique de fabrication des glaces dite « au mercure », la seule capable de produire des glaces de qualité et d’une taille conséquente. Sur une plaque de verre, on applique une décoction d’étain et de mercure mélangés à chaud (procédé très toxique qui coûte la vie à de nombreux ouvriers et qui sera remplacé en 1837 par la technique de l’argenterie, puis définitivement interdit en 1850).
La République de Venise veille jalousement sur cette production d’objets de luxe dont elle garde le monopole. Cependant, Louis XIV souhaite par dessus tout exalter la suprématie française. La réussite économique, diplomatique et militaire de la France doit être complétée par un triomphe artistique. Il est donc hors de question d’acheter les miroirs en Italie !
Colbert, encouragé par Louis XIV, décide de tenter le tout pour le tout. En 1665 est créée la Manufacture Royale de glaces des miroirs. Il faut à tout prix mettre à mal la suprématie de Venise sur le marché des glaces en Europe. Colbert envoie des espions à Murano, et fait venir à prix d’or des ouvriers vénitiens, de 1665 à 1667.
Il y aura en tout trois expéditions de débauchage, qui vont entraîner des sanctions de la part des inquisiteurs de la Sérénissime.
En effet, la République de Venise menace de mort ceux qui trahissent le secret de la fabrication des miroirs. Rien de moins ! Les débuts de la Manufacture (installée au Faubourg Saint-Antoine) sont difficiles : des ouvriers meurent mystérieusement… Les Vénitiens prennent peur et la Sérénissime, distribuant à foison des promesses de pardon, rapatrie les traîtres.
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Le luxe à la française s’impose avec la Galerie des glaces de Versailles
Rien ne semble pouvoir concurrencer Venise, qui est décidément prête à tout pour conserver son monopole. C’est alors que Colbert apprend, au début de 1668, qu’un certain Richard Lucas de Nehou possède une glacerie à Tourlaville près de Cherbourg, en Normandie, et peut fabriquer des miroirs qui rivalisent avec ceux produits à Venise, grâce à la technique du « verre blanc soufflé en manchon ».
La Manufacture est aussitôt transportée en Normandie dans la glacerie de Nehou, qui obtient le privilège exclusif de fabrication de « glaces de miroirs ». Cet acte solennel témoigne de l’intérêt très personnel que le monarque porte à l’entreprise : il donne les moyens à Nehou d’exercer au mieux son talent. Enfin, la Manufacture française prend son essor. Très vite, elle est capable de rivaliser avec les fabriques de Venise, et bientôt de les dominer !
Avec les 306 miroirs soufflés pour la Galerie des Glaces, s’impose définitivement le luxe à la française. Ces glaces deviennent le symbole du génie manufacturier français, qui va s’imposer dans toute l’Europe.
On peut dater de sa création la naissance du luxe français, et notamment des grandes industries nationales comme les soieries lyonnaises, les tapisseries des Gobelins, les verreries de Saint-Gobain…
Pour les membres du Cabinet Secret…
… j’ai décortiqué cette affaire !
Cette histoire d’espionnage industriel pour s’approprier le secret de la fabrication des glaces m’a longtemps fascinée. Pour les membres du Cabinet Secret, j’ai mené mon enquête… Voici un extrait du podcast de 30 minutes du mois de septembre 2021. 🎶
Les inscriptions se font par ici !
Sources
♦ Le Figaro : La Galerie des Glaces, Versailles revisité
♦ Inauguration de la restauration de la Galerie des Glaces du château de Versailles
♦ Saint-Gobain : lettres patentes créant la Manufacture royale des glaces de miroirs, 1665
♦ Hors-série Histoire & Batailles : Versailles Secret
♦ VERSAILLES, Un Palais dans l’Histoire / Ed. Atlas Collection « Rois de France »
Très intéressant. Merci pour ces oninformatio.
Je vous en prie ! 😀
Toujours aussi instructifs tes articles Marie .
La mégalomanie de Louis XIV nous aura laissée un patrimoine unique au monde . Et que de talents à l’ époque.
Merci beaucoup